Une histoire de migrantes
C’est par hasard que j’ai découvert ce livre, en flânant dans ma librairie préférée. Le titre « Certaines n’avaient jamais vu la mer » est tout un programme. Il nous laisse imaginer les souffrances de l’exil. Certain(e)s voient la mer pour la première fois et y laissent leur vie. Aujourd’hui comme hier.
Dès les premières pages, j’ai réalisé que j’avais entre les mains, un livre exceptionnel à la fois très poignant et original par la singularité de son écriture.
Certaines n’avaient jamais vu la mer relate la trajectoire des migrantes japonaises qui, au début de 20ème siècle, rejoignent les Etats-Unis pour se marier avec leurs compatriotes. Cette histoire est marquée par le déchirement et la douleur de ceux qui quittent leur terre (au départ, pendant la traversée, à l’arrivée et plus tard, avec les enfants).
« Nous nous installions à la lisière de leurs villes, quand ils nous laissaient faire. Quand ce n’était pas possible – Prenez garde à bien quitter cet endroit avant le coucher du soleil, disaient parfois leurs écriteaux – nous poursuivions notre chemin. Nous errions de campement en campement, par leurs vallées brûlantes et poussiéreuses – Sacramento, Imperial, San Joaquin – au côté de nos nouveaux maris, pour travailler leurs terres. Nous cueillions les fraises à Watsonville. Nous cueillions leur raisin à Fresno et Denair. A genoux, nous déterrions leurs pommes de terre avec des fourches sur Bacon Island, dans le Delta, où la terre était molle et spongieuse. A Holland Tract, nous trions leurs haricots verts. Et une fois les récoltes terminées, nous remettions nos couvertures sur le dos et, un sac de vêtements à la main, nous attendions le passage du prochain train pour pousser plus loin. »
Certaines n'avaient jamais vu la mer s’inspire de nombreuses sources historiques.
J’ai été enchantée par ce très beau roman.
Au plaisir de lire